jeudi 25 février 2010

Le village touristique de Mamallapuram

Ma dernière semaine en Inde (avant le come-back dans 2 mois) a commencé par une séance de concentration à l'intérieur du Matrimandir, la gigantesque balle de golf dorée d'Auroville. Après une courte séance introductive sur Auroville, notre guide, un Anglais d'une soixantaine d'années, nous a fait entrer dans le monument. Avec pour instructions d'observer un silence total et d'enfiler une paire de chaussettes blanches. En empruntant une des couloirs d'accès à l'intérieur, on aperçoit une petite fontaine située en dessous du Matrimandir. Tout autour, les ouvriers indiens et européens travaillent à la construction des jardins. Ils font aussi partie du rêve très détaillé de la Mère, rêve à l'origine du Matrimandir. A l'intérieur, une grande salle vide en marbre blanc, éclairée par une lumière orange très diffuse. Deux rampes opposées, en hélice le long des murs, permettent d'accéder à la salle de concentration située tout en haut de l'édifice. C'est là que nous nous sommes installés, sur des tapis blancs disposés tout autour d'un cristal optique, au centre d'une pièce ronde. Seul un rai de lumière filtre par le haut de la pièce et vient illuminer le cristal qui à son tour réfléchit la clarté dans la pièce. La séance à duré 15 minutes, dans un silence total. Je n'ai pas vraiment réussi à me concentrer mais ça m'a permis de bien observer les lieux. Malheureusement point de photos, c'était bien sûr strictement interdit.

Un bus m'a ensuite amené à Mamallapuram, où je suis encore actuellement. C'est une petite ville de 15 000 habitants sur la côte, qui fait un peu penser à Hampi : des dizaines de petits temples sur une zone assez étendue, un paysage d'énormes rochers qui tiennent en équilibre comme par magie. Le plus célèbre est la Krishna Butter Ball, privilégiée par les touristes pour les photos débiles. Dans la même zone se trouve un bas relief de plusieurs dizaines de mètres taillé dans la roche et représentant des divinités et des fables hindoues. D'autres temples sont creusés dans les cailloux alentours, le tout dans un petit parc bien entretenu et bondé de touristes.
Dans la rue principale, des dizaines de petits magasins de souvenirs et bijoutiers s'alignent au milieu des nombreuses guest-house et des restaurants lounge très confortables. On entend partout le bruit des marteaux et des burins, certains tailleurs de pierre proposent même des initiations aux passants. Au bout du village, la plage est envahie par les petits bateaux de pêche et les hommes qui réparent leurs filets. Leurs prises finissent dans ces mêmes restaurants pour touristes. En marchant un peu plus loin le long de la plage, on peut voir le Shore Temple, un petit temple commencé au 7ème siècle et dédié à Shiva. Les alentours de Mamallapuram recèlent d'autres monuments et curiosités. Je louerai un vélo cet après-midi pour aller voir le Tiger Temple et la rive des crocodiles.

dimanche 21 février 2010

La belle vie à Pondy

La semaine est passée en un clin d'œil... Quand on est bien posé, dans une chambre confortable d'un quartier sympa, les jours s'enchaînent ! J'ai profité de ce temps libre pour aller une ou deux fois à Auroville en vélo. C'est à une bonne dizaine de kilomètres de Pondichery, en empruntant un petit raccourci qu'un type m'a indiqué entre deux masala dosas au restau. Auroville a été créée en 1968 par la Mère, une Française qui a suivi les pas de Sri Aurobindo, son compagnon spirituel, un philosophe indien. Son lancement fut inauguré par le président Indien et des représentants de 124 nationalités. C'est supposé être un espace international n'appartenant à personne, dédié au progrès et à la recherche spirituelle, sans religion mais où chacun doit être le serviteur volontaire de la Conscience Divine (c'est subtil).

Auroville ressemble à Center Parks avec des allées en terre battue qui desservent des résidences disséminées dans une fôret touffue. Les résidences répondent aux doux noms de Vérité, Transformation et autres notions spirituelles. La propriété n'est pas censée avoir de sens pour les Aurovilliens, pourtant les clôtures entre chaque terrain sont bien réelles... Par contre je n'ai pas trouvé qu'il y règnait une ambiance particulièrement bizarre ou hostile, comme j'ai pu le lire ou l'entendre. Au centre de cette communauté de 2000 membres, le Matrimandir, l'âme d'Auroville achevée en 2008.
C'est une énorme boule dorée de 36 mètres de diamètre où se logent plusieurs salles de méditation. Le monument est entouré de jardins où est diffusée une musique ésotérique digne de Rencontre du 3ème type. Après un mini-rite initatique (lecture de la charte d'Auroville, visionnage d'une vidéo sur le Matrimandir et une bonne dose de politesse auprès de la Française en charge), j'ai obtenu le droit de visiter l'intérieur du Matrimandir demain matin :D Peut-être vais-je enfin y trouver une totale liberté de penser cosmique vers un nouvel âge réminiscent.

En attendant, je suis allé cet après-midi au marché de Pondicherry, qui se tient tous les dimanches dans la rue principale : des fringues en tous genres, un peu d'électronique, des sacs, des jouets pour enfants et de la quincaillerie principalement. Le marché est très fréquenté et dure du matin au soir. J'ai fait un petit tour en passant dans le marché
aux poissons, et à tout bien réfléchir je préfère vraiment attendre d'être en Corée dans une petite semaine pour déguster les produits de la mer. Demain, après ma visite du Matrimandir je reprendrai la route pour m'installer sur une petite ville côtière, Mamallapuram, renommée pour ses temples (étonnant, non ?) et ses scuplteurs de pierre.

mercredi 17 février 2010

Les deux facettes de Pondicherry

Ça y est, j'ai atteint la fameuse ville de Pondicherry, ancienne colonie française enclavée dans le Tamil Nadu. Conquise au début du 18ème siècle, nous l'avons rendue il y a une cinquantaine d'année. J'y suis arrivé hier soir, et j'avoue que j'ai eu peur au premier abord : déchets à foison, cafards, rats et épaves imbibées d'alcool dormant sur les trottoirs. Pas vraiment le "French Charm" décrit dans le guide. D'autant qu'après 1h de recherche, je suis tombé sur la plus glauque des chambres depuis le début de mon voyage, une cellule de prison. Avec ses graffitis, toiles d'araignées, murs noircis sans parler des odeurs. Bref, pas terrible mais c'est tout ce que j'avais sous la main.

Pas découragé, j'ai exploré la ville aujourd'hui, en me rendant compte que j'avais passé la nuit dans la partie Ouest, c'est à dire la partie indienne. L'est, la partie française, est complètement différente, c'en est troublant. C'est propre, vert, calme. Les noms de rues sont en français et plusieurs "restaurants gastronomiques" y ont élu domicile. J'ai donc cherché un nouveau logement à Pondicherry Est, et après quelques heures et de nombreux échecs (trop cher ou plein), un panneau indiquant "Chambres disponibles" a attiré mon attention. A part ce signe, rien n'indiquait qu'il s'agissait d'un hôtel. Une petite fille indienne m'a vu hésiter et m'a dit d'entrer, en français ! Il s'agit de la villa Labourdonnais, dans la rue éponyme. Une famille indienne y habite 6 mois par an, passant l'autre moitié de l'année dans le 18ème arrondissement. Leurs chambres sont excellentes, ce sont presque des petits studios avec un coin cuisine et même un frigo ! Je suis donc passé d'une chambre des ténèbres à un petit appartement très clair dans un quartier calme (voir comparatif des deux ambiances sur la photo...).

J'ai passé mes 3 derniers jours entre le bus et les villes à temples. Celui de Thanjavur m'a beaucoup plus, enfin un temple sensiblement différent des autres ! Construit par la dynastie Chola vers 1010, le Brihadishwara Temple, ou Big Temple, consiste en une énorme tour pyramidale ("vimana") abritant un sanctuaire où viennent prier les Hindous. Au centre, un linga de 4 mètres de hauteur. Les étrangers sont admis dans le sanctuaire pour une fois, ça fait plaisir :) La pyramide en question est au centre d'un grand parvis entouré d'une muraille, avec des galeries tout autour. Les galeries abritent des mini-linga, au nombre de 250, avec diverses peintures des dieux ou des écrits sacrés aux murs. Un gros taureau Nandi est installé à l'entrée du complexe, et plein de mini Nandi trônent sur la muraille extérieure.

Un peu plus tôt dans la journée j'avais visité le hall des audiences d'un ancien palais royal Nayak, datant du 16ème siècle, et les quelques petits musées adjacents. Ce hall avait du être grandiose autrefois, avec ses plafonds peints et ses colonnes décorées, maintenant il sert de demeure aux pigeons et les herbes menacent de l'envahir. Hier, visite avec une allemande retraitée du temple de Chidambaram, appelé Nataraja Temple, plus conventionnel : 4 gopurams colorés aux 4 portes du complexe, un grand parvis et au centre un ensemble de temples disposés autour d'une salle aux 1000 colonnes ou malheureusement les photos étaient interdites. Nous avons tout de même pu assister à une petite cérémonie dédiée à Shiva. Une heure plus tard j'étais dans le bus pour Pondichery.

Lors de ma balade à Pondi-Est, j'ai marché le long de la plage, sur la "promenade". J'y retournerai demain, j'aurai davantage de temps maintenant que j'ai trouvé un logement stable. Je dois aussi explorer les plages alentours et la ville-expérience d'Auroville, à une dizaine de kilomètres.

samedi 13 février 2010

Le Rock Fort et les temples de Trichy

Rameswaram ne voulait pas de moi, je l'ai donc quittée plus vite que prévu. Tous les hôtels étaient archi-blindés, impossible de trouver une chambre dans toute la ville. Les 3/4 des hôtels n'acceptent pas les non-Hindous, et c'est à peine si les réceptionnistes des autres daignaient me regarder lorsque je demandais une chambre. Je suis arrivé sans le savoir la veille d'un festival religieux, les guest house étaient réservées à craquer pour les 4 jours à venir. Des gens avaient même établi des campements sur les trottoirs et dans les halls des hôtels. Après 2 heures de recherche vaine, j'ai décidé de passer mon chemin et de partir directement vers Trichy, ma destination suivante.

7 heures de bus plus tard, j'ai donc atteri à Trichy, Tiruchirappali pour les intimes. C'est une ville importante du Tamil Nadu, avec son fort perché sur un rocher et son immense temple hindou, le Sri Ranganathaswamy Temple. Au risque de passer encore pour un utilisateur abusif de superlatifs, ce temple est supposé être le plus grand d'Inde. Il s'étend sur 60 hectares, comporte 21 Gopurams (ces grandes tours à étages décorées) et 7 murs d'enceinte concentriques. Dédié à Vishnu, il fut commencé au 10ème siècle. Tout au long des années, de nombreuses dynasties y ont contribué, et le dernier et plus grand Gopuram (73 mètres) fut achevé très récemment, en 1987. J'y ai déambulé pendant une heure ou deux, mais malheureusement le coeur des temples est réservé aux Hindous. J'ai du me contenter des extérieurs, déjà fort impressionnants, même si les éléments sont moins travaillés et moins décorés que ceux du temple de Madurai. Une partie du complexe fait partie intégrante de la ville, on y trouve des commerces et des habitations adossés aux murs d'enceinte.

Plus tôt dans la journée, j'ai visité le Jambukeshwara Temple. Celui-ci est dédié à Shiva et son épouse Parvati, il possède 2 ou 3 Gopurams et un temple central en partie immergé, interdit lui aussi aux non-Hindous... Beaucoup plus petit que l'autre temple, il est aussi bien plus calme et moins fréquenté. La dernière grande attraction de Trichy est le Rock Fort. A l'origine un temple creusé dans la roche au 7ème ou 8ème siècle, il a été fortifié et agrandi par la dynastie Nayak. Il est situé en haut d'un rocher de 83 mètres qui sort de nulle part, le paysage alentour étant absolument plat. Deux temples y sont logés, on accède au plus élevé par un escalier de 450 marches. Les gens sont massés en haut pour observer Trichy, son fleuve la Cauvery River, et les tours des temples qu'on aperçoit au loin, après le fleuve. C'est une ville agréable, malgré la difficulté ici aussi pour trouver un logement. Le Tamil Nadu, avec tous ses temples, est une région de pèlerinage très importante pour les Hindous, j'imagine que c'est la raison pour laquelle le logement touristique est sous-dimensionné. L'époque du Rajasthan où les rabatteurs te harcèlent pour que tu ailles dans leur hôtel me paraît très loin...

Ma prochaine étape, Thanjavur, est à une ridicule heure et demie de bus. Je n'aurai besoin que d'une journée ou deux pour la visiter (un temple & un fort), avant de me diriger vers Pondichery, au Nord de l'état.

mercredi 10 février 2010

La pointe Sud de l'Inde, bien mais pas top

Exceptée sa situation géographique, Kanyakumari, ville la plus au Sud de l'Inde, n'a pas beaucoup d'intérêt. Ça n'empêche pas les cohortes de touristes Indiens et de nombreux occidentaux de s'y rendre : c'est vrai que c'est tout de même rigolo de se dire qu'on a été vraiment tout au bout du pays. Certains viennent de très loin pour cela : un père de famille m'expliquait par exemple qu'il venait de Delhi avec ses enfants, soit près de 40 heures de train, juste pour cette raison. Bon il n'y a pas tout à fait rien non plus : quelques églises (dont une en cours de ravalement, échafaudages indiens à l'appui), un petit temple dédié à Devi, et surtout la statue de 40 mètres d'un poète Tamil. Réalisée en 2000, elle se dresse sur une petite île en face du port. Elle a nécessité la collaboration de 5000 ouvriers. Un petit ferry fait la traversée toutes les 10 minutes, c'est à peine à 400 mètres de la côte. A côté, une autre minuscule île sur laquelle a été construit un mémorial dédié à un philosophe Indien de la fin du 19ème siècle, nommé Swami Vivekananda (inconnu au bataillon en ce qui me concerne...). Coïncidence, j'ai retrouvé dans mon hôtel le Hollandais avec qui j'avais fait quelques jours de randonnée dans le Karnataka, comme quoi le monde des touristes occidentaux est petit. La photo est prise de ma chambre d'hôtel.

Le soir je suis allé au Sunset Point admirer le soleil couchant sur la mer d'Arabie, au côté de centaines d'Indiens. Dès que le soleil disparaît, et alors que les couleurs sont encore merveilleuses, tous les Indiens évacuent les lieux rapidement. J'étais un des seuls à en profiter jusqu'au bout... Je serais bien allé aussi voir le lever du soleil ce matin mais c'est tôt, trop tôt. De toutes façons j'avais un bus à 7h30. J'ai donc fait 9 heures de bus aujourd'hui, direction Rameswaram. Cette ville est située sur une île, juste en face du Sri Lanka. Elle est reliée à l'Inde par un grand pont. C'est un lieu supposé avoir eu une grande importance dans le Ramayana, d'où le nombre élevé de pèlerins qui font le déplacement. J'ai du faire une dizaine d'hôtels avant de trouver une chambre disponible. En chemin, dans la plaine du Tamil Nadu, nous avons croisé de nombreux marais salants, comme dans le Gujarat. Dans le coin la pauvreté se fait particulièrement sentir, les 3/4 des maisons sont en palmier tressé, bien précaire. Je comprends mieux pourquoi les tsunamis font tant de ravages dans la région :/ J'essaierai de louer un vélo demain, pour aller à la pointe de l'île où, selon le guide, se trouve une superbe plage. En tout cas, vue du bus, l'eau avait l'air quasi-transparente, ça promet :)

dimanche 7 février 2010

Madurai, traditonnelle, colorée et animée

La visite de Madurai m'a replongé dans une Inde plus traditionnelle, moins touchée par la civilisation occidentale, et aussi plus pauvre. La ville d'un million d'habitants est très animée, le trafic et le bruit y sont intenses. Des petits temples hindous sont cachés dans tous les recoins, petits frères de l'énorme Sri Meenakshi Temple, attraction numéro 1 de la ville. Madurai est construite autour de ce temple du 16ème siècle inspiré de l'architecture dravidienne. La British East India Company - décidément partout - a rasé l'ancien fort en 1840 et construit 4 grandes rues formant un carré autour du temple et délimitant l'ancienne ville. Du coup, c'est assez facile de se repérer dans le centre de Madurai, pratique pour explorer les nombreux marchés : marché aux fleurs, aux épices, aux légumes, mais aussi un marché aux ustensiles de cuisine, livres et étoffes logé dans un temple. Des petites galeries très étroites bordées d'échoppes parcourent la halle principale du temple, les divinités hindoues et plafonds sculptés se mélangent aux commerces. Dans les couloirs réservés au tissu, les couturiers au travail sont alignés, concentrés sur leur machine. Ici la couture est une affaire d'hommes.

Le temple Sri Meenakshi possède une douzaine de tours en étages appelées "Gopurams" allant jusqu'à 50m de haut, et s'étend sur une superficie de 6 hectares : autant dire qu'il y a de quoi faire lorsqu'on le visite. Dans le complexe, hormis ces tours finement sculptées, peintes de toutes les couleurs, on trouve un réservoir, une salle "aux milles colonnes" abritant un musée, et de nombreuses galeries aux plafonds peints de couleurs vives. Les fidèles y sont très nombreux, et certaines parties réservées au culte sont interdites aux étrangers :/ Comme à Hampi, un éléphant sacré récolte les billets de 10 roupies avec sa trompe. En sortant, je me suis dit que j'aurais bien fait de prendre un guide, je suis sûr d'avoir loupé quelques salles étant donné le gigantisme du monument... Dans les ruelles environnantes, les mendiants et harceleurs sont nombreux. Certains enfants menacent les touristes avec un espèce de fouet en corde qu'ils font claquer par terre en espérant leur faire peur et récolter quelques roupies. Inutile de préciser que ça n'a pas eu l'effet escompté sur moi :p

Madurai possède aussi un palais du 17ème siècle, le Tirumalai Nayak Palace, construit par le souverain du moment. Il n'en reste que quelques salles, dont le hall principal, le hall de danse (accueillant, ici aussi, un petit musée) et une cour intérieure entourée d'une galerie aux colonnes immenses. Le bâtiment possède quelques dômes et plafonds peints assez impressionnants. Mais la majorité des visiteurs était intéressée par autre chose : dans la cour, un tournage se préparait. Les assistants étaient en train d'installer les rails des caméras, les lumières et tout le reste du matériel. En sortant j'ai marché une petite demie-heure pour atteindre un grand réservoir carré appelé Mariamman Tank. c'est le lieu où se déroule le Float Festival, fin janvier. Pour prier les fidèles se rendent en bateau au centre du réservoir où se situe un temple. En temps normal, le réservoir est vide et sert de terrain de cricket...

La prochaine étape est le point le plus au Sud du sous-continent indien, Kanyakumari. 6 heures de bus à partir de Madurai m'y conduiront dès demain.

jeudi 4 février 2010

Kodaikanal, Ooty en plus petit

Kodaikanal, dernière étape de montagne avant de retrouver la plaine constituant la majeure partie du Tamil Nadu. Prenez OOty, divisez-le par 3 et vous aurez à peu près une image correcte de cette station haut perchée, à 2100 mètres d'altitude. La ville compte 35 000 habitants, dispersés autour d'un lac sur les flancs des collines environnantes. En 1901 les Américains y ont établi une école, désormais réputée et qui dynamise la région. Kodaikanal est très fréquentée par les touristes Indiens du Kerala et du Karnataka. En partant d'Ooty, j'ai mis une dizaine d'heures de bus à y accéder, mais le voyage valait vraiment le coup : 3h de descente dans des superbes vallées, traversée de la plaine entre Coimbatore et Panali pendant 3h, et à nouveau 3h de montée pour accéder à Kodaikanal. Plus d'une fois le bus s'est retrouvé coincé à cause de l'étroitesse de la route, obligé de faire arrière, un peu flippant avec la falaise à moins d'1 mètre...

Comme Ooty, Kodaikanal possède son jardin botanique, Bryant Park. Il est plus petit, moins bien entretenu, mais on y retrouve les mêmes ingrédients : grandes pelouses, arbres centenaires, buis taillés et serres avec quelques fleurs. Dans les coins un peu à l'écart, des cadavres de bouteilles de whisky sont cachés derrière les arbres. Non loin du parc, un petit sentier appelé Coaker's Walk longe la falaise et offre un panorama sur les environs. Mais comme d'habitude, la brume envahit les montagnes en fin de matinée et il devient impossible de voir quoi que ce soit.

Tant pis, j'ai continué la marche sur une dizaine de kilomètres, en demandant mon chemin. Le but de mon trek était d'atteindre Pillar Rocks, un point de vue réputé dans le coin. En suivant les conseils des autochtones, j'ai réussi à emprunter des sentiers secondaires, hors de la route, où j'étais tout seul. En fin de matinée, le soleil commençait à taper, mais l'air était encore frais du matin, avec une petite brise aux odeurs de pin et de feu de bois : la marche était vraiment très agréable. Je suis passé à côté d'une petite église avant de longer une rivière sur 2 ou 3 kilomètres. Quelques petites fermes sont disposées le long du cours d'eau, où des femmes lavent leur linge ou leur vaisselle. Des vaches et des chevaux en profitent aussi pour se désaltérer.

La fin du parcours était de la route sur 2km, en passant par un point de vue dit Green View, où l'on ne voyait toujours rien à cause de la brume. Par contre, la vue des Pillar Rocks était à peu près dégagée, et ces rochers sont effectivement impressionnants. Assez pour que des bus entiers de touristes y défilent toute la journée. Les singes sont nombreux dans ce coin, se nourrissant des restes des touristes. Je suis rentré par le même chemin, m'arrêtant à l'occasion pour manger un thali et refaire le plein de chocolat. Et oui, comme à Ooty, des dizaines de commerçants vendent du chocolat fait maison, encore moins cher :) Ça tombe bien j'arrivais au bout de mes réserves. Demain direction Madurai, à seulement 4 heures de bus !

mardi 2 février 2010

Le thé d'Ooty dans tous ses états

Ooty est proche de la frontière du Kerala, il n'empêche que la différence se fait sentir tout de suite : on retrouve les quartiers bétonnés, les mendiants, les bidonvilles, les routes en mauvais état. J'ai eu l'occasion de parcourir la ville dans tous les sens, elle est très agréable avec ses quartiers disséminés sur les collines alentours. La région est appelée Nilgiri (collines bleues). Avant d'être occupée par les Anglais au 19ème siècle, la zone était uniquement composée de tribus. Chaque tribu avait sa spécialité (grains, pots, travail du cuir, élevage de buffles...) et échangeait avec les autres. Les Anglais ont un peu changé la donne, et il ne reste plus grand chose aujourd'hui de la tradition. Le gouvernement Indien leur a donné quelques terres où ils continuent d'exister tant bien que mal.

Le trek de lundi se situait au cœur des terres de la tribu Toda, comptant aujourd'hui environ 1500 membres. J'étais accompagné de 4 Anglais, très nombreux dans Kerala et le Tamil Nadu, et du guide. Le trek s'est révélé excellent : changement de décor environ toutes les heures, en commençant par des grandes prairies, puis une forêt de pins, une plantation de thé, un village où nous avons déjeuné, pour finir par l'ascension d'un petit sommet offrant des paysages quasi-alpins. Malheureusement, une espèce de brume envahit la région dès la fin de matinée et empêche d'avoir une vue très claire des environs. Pas grave, la marche et les explications du guide étaient très intéressantes. Notamment la partie sur la plantation de thé, où il nous a tout expliqué sur la culture de cette feuille si prisée des Anglais. Vers midi, un peu avant d'arriver au village, une sirène d'alarme a retenti, signal pour les travailleurs (ce sont surtout des travailleuses d'ailleurs...) de la pause de midi. Dans le village, les hommes n'avaient comme d'habitude pas l'air trop stressés, en tout cas certainement pas ce petit vieux observant paisiblement la vie autour de lui.

Ce matin, j'ai pris un bus local pour monter une partie de la route menant au point culminant de la région, appelé Doddabetta Viewpoint. 3 km de marche plus loin au travers d'une forêt de pins, je me suis retrouvé au milieu de centaines d'Indiens. Le lieu est très populaire, pourtant je n'ai pas trouvé que ça cassait des briques... La vue est encombrée par les pins, et une bonne partie du paysage est dans la brume, à part la ville d'Ooty qu'on distingue tout de même assez bien. En redescendant, j'ai complété ma formation sur le thé en visitant une usine. Il s'agit d'une succession de 6 ou 7 machines, broyant, fermentant, séchant et séparant les pauvres feuilles de thé. Tout est bien expliqué, des panneaux complètent le laius du guide. A la fin de la visite, une petite tasse de thé est offerte et le visiteur se retrouve devant les stands de thé, de souvenirs et de chocolat. Ooty est aussi célèbre pour son chocolat fait maison. En 2 jours j'ai eu l'occasion de tester pas mal de magasins de chocolats différents, pour m'imprégner un peu de la culture locale :p

J'ai fini la journée au jardin botanique d'Ooty, exposant des arbres centenaires, quelques plans d'eau, une ou deux serres et des buis taillés façon Edward aux mains d'argent. Dans un massif, les jardiniers se sont amusés à dessiner une carte de l'Inde avec des fleurs. Des petits chemins dallés permettent de faire le tour du jardin à l'ombre. Là encore, un nombre record de visiteurs Indiens, beaucoup de familles mais surtout les sempiternels bus d'écoliers surexcités. Je reste encore une nuit dans ma guest house pour repartir tôt demain matin vers le Sud du Tamil Nadu. Le compte à rebours est enclenché puisque je dois être à Chennai dans 1 petit mois maintenant...