dimanche 31 janvier 2010

Un dernier parc avant le Tamil Nadu

Ça y est, j'ai franchi la frontière du Kerala pour me retrouver au Tamil Nadu, premier état que je visite bordant du Bengale. Autrement dit, j'attaque la partie Est de l'Inde. Je suis à Ooty, ville de 100 000 habitants située sur le toit de l'Inde du Sud, à 2300 mètres d'altitude. A 16h, ca caille déjà un peu, et il paraît que la nuit la température peut descendre à 0 ! J'ai sorti un pull pour la première fois... Je vais rester ici deux ou trois nuits, le temps d'explorer les environs. Un Français à Kalpetta m'a donné le numéro d'un type qui organise des treks de 5 ou 6 heures dans le coin, je vais lui passer un petit coup de fil... Le voyage en bus a duré 4 heures seulement, dont la majeure partie sur des routes de montagne, avec des vallées grandioses en fond. Toujours ces plantations de thé à perte de vue.

Entre Kalpetta et Ooty, je me suis arrêté dans la petite ville de Sulthan Bathery pour effectuer un changement de bus. J'ai attendu une heure à la gare routière, en discutant avec deux policiers du trafic paisiblement installés derrière leur petit bureau. De leur propre aveu, il ne se passe pas grand chose dans le coin, et leur boulot n'a vraiment pas l'air harrassant. L'un des 2, notoirement bavard, m'a raconté toute sa vie, a voulu connaître la mienne, comment ça se passait à Paris et ainsi de suite. Il m'a enregistré sur son téléphone alors que je parlais en français, pour le fun. Toujours grâce à son portable, il m'a fait écouter Hotel California, le sourire jusqu'aux oreilles. Il m'a même invité à passer chez lui pour me présenter sa femme infirmière et ses potes qui fans de rock. Pour finir je les ai pris en photo, lui et son collègue, trop contents ! Du coup j'ai pas vu l'heure passer avec tout ça...

Hier, avec quelques autres touristes, nous avons marché 4 heures dans le parc national de Wayanad, à une heure et demie en jeep de Kalpetta. Nos guides étaient plutôt mous, parlaient mal anglais, difficile d'obtenir des informations sur la faune et la flore. La forêt était pourtant magnifique, avec notamment des énormes bosquets de bambous, très prisés des éléphants. De temps à autres des branches mortes se détachaient avec fracas, l'une d'entre elles est tombée à 5 mètres de nous :/ C'est d'ailleurs près d'un de ces bosquets que nous avons vu un petit éléphant, l'espace de quelques secondes avant qu'il s'enfuie. Le parc regorgeait en outre de cerfs, de rapaces et nous avons pu apercevoir quelques écureuils géants (Malabar Squirrel). Un des passages, sur une centaine de mètres, s'effectuait au milieu de milliers de papillons, réunis ici pour pondre si j'ai bien compris les guides. Mais nous étions trop nombreux pour pouvoir s'approcher sans bruit des gros animaux, et le rythme général du trek trop lent. Sur les 4 heures de promenade nous avons du faire 1h30 de pause :/ Conclusion, une visite un peu en deçà des espérances, malgré une nature très riche. Dès demain je me rattraperai sur les sentiers du Tamil Nadu :)

vendredi 29 janvier 2010

Passage rapide sur la côte et retour à la montagne

Me voilà à nouveau dans les montagnes, un peu plus au Sud cette fois-ci, à la frontière entre le Kerala et le Tamil Nadu. Le décor a retrouvé ses plantations de thé, on sent qu'on n'est pas loin de Munnar. Sauf que cette fois, en plus, il y a des plantations de banane et des forêts entières de palmiers.

Je viens de passer 2 jours en bord de mer, dans la ville de Kannur. La région de Kannur est la seule zone du Kerala dirigée par un gouvernement Musulman. Une dynastie de Sultans vieille du 12ème siècle est encore installée ici. Elle a vu passer les portugais, les anglais et les hollandais. Les portugais ont laissé un fort, assez grand mais basique, qui borde une grande base militaire près de la mer. Lorsque les hollandais ont conquis le fort, ils l'ont agrandi. Le bâtiment sert aussi de rempart contre la mer et un petit port est logé derrière.

Le musée de Kannur est centré sur la dynastie Arakkal. Il consiste en quelques galeries de portraits, meubles en bois de santal et divers objets ayant appartenu à la famille : armes, vêtements et vaisselle. Pas grand chose à signaler ici, si ce n'est que les Européens se sont beaucoup battus pour obtenir le fort de Kannur, apparemment situé idéalement dans la région. Le musée montre des copies des contrats et traités négociés entre les gouvernements européens et la dynastie Arakkal.

La ville en elle-même était plutôt sale et bruyante, je n'y suis donc pas resté plus longtemps. Seuls la plage et un quartier bourgeois très paisible, ombragé d'arbres centenaires valent le déplacement à mon sens. La ville d'où j'écris maintenant, pas spécialement charmante non plus, est un point de chute pour explorer le parc national de Wayanad. J'ai rencontré hier soir quelques européens qui souhaitent également le visiter, nous partagerons certainement les frais de Jeep et les droits d'entrée du parc, excessivement élevés pour une personne seule. Le parc est supposé abriter les désormais classiques éléphants, quelques tigres et des bisons pour ne citer que les plus gros...

mercredi 27 janvier 2010

Republic Day à Madikeri

Fini Madikeri, j'ai quitté la petite ville hier en fin de matinée pour me rendre à Kannur dans le Kerala. Mais pas avant d'avoir assisté à la cérémonie du Republic Day, l'équivalent indien de notre 14 juillet. Elle se tenait dans le fort de Madikeri, devant le palais. Chaque ville indienne fête ce 26 janvier, et le défilé principal est à Delhi, sur le Rajpath. En Inde toutes les télés sont branchées sur les chaînes qui diffusent l'évènement.

A Madikeri, l'ambiance était plutôt détendue. Le spectacle a commencé par le chant de l'hymne du Karnataka par des écoliers, puis les différents corps militaires ont défilé sur le parvis carré devant le palais, sur fond de fanfare. Les uniformes sont bariolés et rigolos (si tant est qu'un uniforme puisse l'être). Le défilé a eu lieu sous l'oeil du président de la région de Kodagu et a duré une petite dizaine de minutes. Le président a ensuite commencé son speech, moment où je me suis éclipsé pour attraper mon bus. Des enfants devaient ensuite exécuter quelques spectacles de danse.

J'ai suivi l'évènement avec Rehan, le fils de l'Imam de la mosquée de Madikeri. C'est lui qui tient la guesthouse où j'ai séjourné, et dès les premiers jours on a sympathisé. De fil en aiguille il m'a invité au mariage de sa cousine, dans 2 mois à Calcutta. Ça me botte bien, je vais faire en sorte de caser ça rentre dans mon planning de ministre. Rehan m'a en outre invité à déjeuner chez eux, ce fut mon meilleur repas depuis bien longtemps. Du riz façon Biryani, accompagné de poisson grillé et d'ailes de poulet épicées bien meilleures qu'au KFC...

Le père semble fortement apprécier la compagnie des occidentaux et m'a longuement questionné pendant le repas sur l'exercice des religions en France. En dehors de la mosquée, il possède des plantations dans le Kerala et au Bengale. Il parle 5 ou 6 langues. L'oncle de Rehan est un joueur de foot professionnel et gagne très bien sa vie : la famille semble très aisée. Rehan doit partir au Koweit occuper un poste de management d'ici la fin de l'année, ce qui n'est pas donné à l'Indien moyen.

Cet après-midi j'explore Kannur, ville d'un demi-million d'habitants qui a vu passer les Portugais, les Hollandais et les Anglais. Elle possède un fort et un musée dignes d'intérêt. Si je m'y ennuie, je pourrais toujours faire un petit tour à la plage :) Pour terminer, une brochette d'écoliers pendant la parade, ils ont fortement insisté pour que je prenne en photo et étaient tellement contents de poser !

lundi 25 janvier 2010

Trek à Mokkudlu

Mes trois jours de trek à Mokkudlu, à une vingtaine de kilomètres de Madikeri, avaient mal commencé. Le seul bus pour Mokkudlu était à 7h30 vendredi, mais vers 7h15 le chef de station m'a dit qu'il fallait que je me rende au dépôt de bus. Pour une raison obscure, le bus ne devait pas passer à l'arrêt de Madikeri. Arrivé au dépôt à 7h30, j'apprends que le bus vient de partir. Bon. Après renseignements, il s'est avéré que je pouvais prendre un bus 1h plus tard qui me déposait à une intersection, à 8km de ma destination.

Entre temps j'ai pris un thé à 10 minutes du dépôt des bus. En revenant, je me suis étalé de tout mon long sur le trottoir : mes lacets de la chaussure gauche se sont pris dans les attaches de la chaussure droite, m'entravant les pieds. 2 paumes et 1 genou en moins. Arrivé à l'intersection en question, appelée Hattihole, j'ai aperçu un rickshaw vide. Je pensais que le chauffeur allait revenir rapidement, d'ailleurs les villageois semblaient du même avis. 1h d'attente plus tard, je me suis décidé à appeler l'agence organisatrice du trek qui envoyé mon guide me récupérer en moto, soi-disant dans 5 minutes. Une demie-heure plus tard, le guide est arrivé. Très sympa, avec une forte propension à dormir, il s'appelait Mitu.


Petit et à moustaches, comme 9/10 de la population masculine. 3 km de moto plus loin, panne sèche. On a du abandonner la moto au bord de la route... Le trek a donc commencé plus tôt que prévu, lorsqu'il a fallu couvrir les 5 derniers km nous séparant de la guest house de Mokkudlu à pieds.

Après ces mineures déconvenues, je me suis installé dans la guest house où suis revenu dormir chaque soir après le trek. La petite famille qui la tient est très accueillante, j'ai eu droit à mon thé dès mon arrivée, puis un petit déjeûner à base de riz et de chapati (comme tous les autres repas du séjour d'ailleurs). La guest house est aussi une ferme, j'ai eu le plaisir d'être reveillé les deux matins par le piaillement des oies.

Le premier jour nous avons fait une dizaine de kilomètres, en passant par des plantations de poivre, de café et dans des rizières où travaillaient des amis à lui. Il m'a montré comment planter le riz, et fait goûter l'alcool de palmier que les paysans boivent pour se donner du coeur à l'ouvrage. Entre le jus de citron et le pastis, avec quelques bulles, c'était pas mal du tout :) Les plantations en question sont régulièrement dévastées par les 3 ou 4 éléphants qui squattent la vallée... Il ne vaut mieux pas trop s'aventurer dehors, selon lui, après la nuit tombée : les éléphants peuvent aussi blesser les hommes. Le bestiaire local se compose aussi de jolis papillons, d'araignées et de serpents. Il en a repéré un tout petit vert sur fond vert qu'il m'a montré, j'ai mis 2 minutes à le voir, impressionnant.

Le lendemain, nous avons gravi une des plus hautes montagnes du coin. Un hollandais nous a rejoint pour les deux derniers jours, quarante ans, bien cool aussi. Cette marche était un peu plus exigeante, notamment parce que la moitié supérieure de la montagne était sans arbre, et en journée il fait bien chaud. Une quinzaine de kilomètres aller-retour. La vue valait bien le coup, mais nous étions contents de redescendre. En chemin le guide nous a montré une petite cascade. Quelques bouteilles de whisky trainaient sur les rives à cet endroit. Nous sommes aussi passé par quelques fermes, l'occasion pour le guide de prendre des nouvelles. La plupart des fermes sont en phase de récolte et de séchage du café, les grains sont étalés au soleil pendant une dizaine de jours.

Pour le dernier jour de trek, nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres, mais plus faciles, avec davantages de portions plates. Une partie du trek se déroulait sur une crête bien dégagée qui permettait d'avoir une belle vue sur deux vallées. Nous avons croisé pas mal de jeep de touristes Indiens, venus de Bangalore admirer le paysage montagneux. Le guide nous a montré un endroit où avait été tourné une scène apparement célèbre d'un film bollywoodien. En redescendant nous avons longé la rivière qui permet d'irriguer les plantations de la vallée, j'en ai profité pour faire trempette 5 minutes dans un trou d'eau. J'ai pris le bus de 17h que cette fois-ci je n'ai pas loupé, et me revoilà pour la soirée à Madikeri. Si tout va bien demain je retourne sur la côté du Kerala, pour un passage dans la ville de Kannur.

jeudi 21 janvier 2010

Madikeri, capitale de la région de Kodagu

Après une petite journée de bus, me revoilà à la frontière du Kerala, dans les montagnes de la région de Kodagu. Cet endroit est réputé pour ses treks au travers des collines (point culminant 1750 mètres) et ses villageois typiques appelés Kodavas. Ils ont pour particularité d'être départis en clans, environ 1000 clans pour 100 000 Kodavas. Ils sont en outre supposés être des descendants des armées d'Alexandre le Grand, va savoir ! La petite ville de Madikeri, capitale de la région, s'articule autour d'un centre-ville assez anarchique, d'un petit fort, de quelques temples hindous et d'une ou deux mosquées.

Le but de ma journée était de préparer un trek de 3 jours et 2 nuits dans la région, avec visite de plantations de café, passage près de chutes d'eau et ascension d'un ou deux des principaux sommets de Kodagu. Après une nuit de lutte contre les cafards, j'ai donc commencé mes recherches. Une dizaine d'agences les treks, ce ne fut donc pas une mission bien compliquée. J'ai pris mon temps pour explorer la ville, en faisant notamment un petit tour au musée situé à l'intérieur de l'enceinte du fort, dans une petite église du 19ème siècle. A l'intérieur, des statues de divinités hindoues du 8ème au 16ème siècle, quelques armes et autres objets un peu disparates. Le fort en lui-même et le "palais" qu'il abrite sont plutôt quelconques, heureusement deux éléphants hallucinés sont là pour relever le niveau de la visite.

Un petit jardin appelé Raja's Seat, à quelques enjambées du fort, offre une belle vue sur l'une des vallées autour de Madikeri. Je me suis posé sur un banc en face du panorama pendant 5 minutes, et un Kodava d'une soixantaine d'années, habitué du lieu, est venu discuter avec moi. Il a pointé du doigt son village dans le décor brumeux, à 15 kilomètres de là. Ses 3 enfants travaillent désormais à Bangalore, dont 2 dans les télécommunications - comme il se doit. Il était très fier de parler de Bangalore comme la Silicon Valley indienne, et de son frère en passe de devenir général dans l'armée. On a discuté ainsi une petite demie-heure et nous sommes séparés. Les gens du coin sont particulièrement accueillants, j'espère que mon guide sera aussi avenant... Je pars demain matin à 7h15 et devrais rentrer dimanche aux alentours de 17h, avec plein de belles images de la région :)

mardi 19 janvier 2010

Gokarna : plages et temples

J'écris ce post posé dans un bar en bord de mer, dans une petite crique non loin de Gokarna appelée Kudle Beach, à 2km par un sentier côtier. J'attends mon coca et ma crêpe au citron. La vie est toujours aussi dure sur la côte Ouest de l'Inde, et cet endroit est d'autant plus appréciable qu'il est moins occidentalisé que Goa (Gokarna est à une cinquantaine de km au Sud de Goa). En ville par contre, les touristes Indiens et Européens sont légion. Je n'ai pas bien compris pourquoi, car les temples sont tous interdits aux étrangers... J'en soupçonne certains de prendre des cours de méditation, yoga et compagnie. Très tendance. D'autres ont vraisemblablement trouvé la voie de la plénitude grâce aux plantes vertes et profitent des plages sans rien faire de leurs journées. Heureusement je ne pense pas louper grand-chose, les temples ont l'air assez quelconques vus d'extérieur.

Cette ville sainte (plutôt un village d'ailleurs) est quand même très sympa. Des petites rues très étroites autour d'une artère centrale bordée de temples, le tout au centre d'une forêt de palmiers. Beaucoup d'espèces de vieux babas cools aux cheveux longs et barbe, qui se fondent assez bien dans la foule des moines et autres sadhus à moitiés nus qui déambulent un peu partout. Dans la rue principale, des énormes chariots de procession sont en cours de décoration.

Ma journée devait se dérouler en grande partie dans les temples, en fait elle s'est transformée en marche le long de la mer et baignade dans les criques. Ce matin j'ai du changer de chambre vers 7h du mat', la propriétaire avait oublié que ma 1ère chambre était réservée aujourd'hui très tôt ... Grrr... Vers midi après le ptit dej j'ai entamé le sentier côtier, je me suis arrêté une ou deux fois me baigner avant d'atteindre la fameuse "Om Beach", principale attraction de Gokarna. J'ai compris tout de suite pourquoi la plage porte ce nom : elle est formée de deux anses dessinant un "3". Le symbole "Om", symbolisant la pureté de l'esprit (un truc dans le genre), ressemble à un 3 avec un petit zigouigoui derrière et au-dessus. C'est aussi pourquoi il y a des cars de touristes Indiens qui viennent la visiter, pour sa dimension spirituelle. Perso je préfère mille fois Kudle Beach où je suis actuellement, plus espacée, davantages de vagues...

Demain je continue vers le Sud en empruntant un bus à 7h du mat qui m'amènera à Mangalore en 5 heures. Rien à signaler a priori dans cette ville, c'est juste une étape pratique pour visiter les collines environnantes, à quelques dizaines de kilomètres de là. Je verrai demain si j'y reste une nuit où si je vais directement au point de départ des treks.

dimanche 17 janvier 2010

Promenade sur les canaux d'Alleppey

De retour à Goa ! Cette fois, je me suis posé dans la partie centrale de Goa, non-loin de la ville de Margao, sur la plage de Benaulim. C'est une bande de sable de plusieurs kilomètres rectiligne et ininterrompue. Il fait encore plus chaud qu'il y a deux semaines ! L'eau étant plus propre qu'à Patnem, c'est un vrai bonheur de s'y plonger sous le cagnard... Par contre les vendeurs/harceleurs sont beaucoup plus présents que dans le Sud de Goa, essayant de refourguer leurs paréos, chemises ou DVDs. Celui qui fait l'erreur de s'intéresser à l'un des objets se retrouve aux prises avec une dizaine de vendeurs, majoritairement des femmes, et finit en général par céder. Pour le reste, pas de surprise, des restaus avec de la bouffe occidentale, des cocktails et des boutiques de souvenirs !

J'ai passé mercredi après-midi et la nuit de mercredi à jeudi sur un petit bateau, en croisière sur les eaux du Kerala. J'avais mon cuistot, le capitaine et un matelot rien que pour moi :) Les canaux sont innombrables, de toutes tailles, et quadrillent la région. Des villageois habitent sur les rives, vivent leur petite vie tranquille et regardent passer les touristes qui défilent sur des embarcations de toutes tailles : en solo, comme la mienne, à 3 ou 4 personnes ou carrément en autobus des rivières. Entre les canaux, les rizières s'étendent à l'infini, et des femmes avec leur petite ombrelle font la récolte. Le bateau etait nickel, je pense avoir eu de la chance car le guide stipule qu'il existe toute une palette d'"House Boats", du rafiot cafardeux au palace flottant. J'avais réservé à l'avance sans voir le bateau, car cette activité touristique est la plus prisée du Kerala. La croisière est chère, à l'échelle indienne, mais c'est une expérience vraiment unique.

Le soir, nous nous sommes arrêtés au bord d'un village. J'en ai profité pour visiter un petit temple et observer le mode de vie des habitants. Leur rue principale est un petit chemin de terre de 30 cm de large qui longe le canal, toutes les maisons sont alignées le long de cette artère. Comme partout ailleurs, des hordes d'écoliers en uniforme rentrent chez eux en fin d'après-midi, sauf qu'ici, les bus flottent sur l'eau. A partir de 17h30, il devient impossible de circuler dans les canaux : les pêcheurs étendent leurs filets. Les villageois vivent des rizières, de la pêche et des quelques bouteilles de coca vendues aux touristes. Ils se lavent, font leur lessive et leur bouffe avec l'eau des canaux. Leurs maisons sont assez précaires, je pense qu'ils ne voient pas grand-chose des milliers de roupies dépensées par les occidentaux et touristes Indiens chez les tour-operator..

Le matin à 8h, petit déjeuner copieux et occidental, toasts et fruits, avant de repartir pour une heure amarrer le bateau au point de départ à Alleppey. J'ai pris un bus pour Kochin ou j'ai passé la journée, avant de reprendre un train express de nuit pour Goa. Je repars pour quelques jours de farniente avant de retourner dans le Kerala, mais par la côte cette fois-ci. Ah oui, et hier, posé au restaurant, j'ai remarqué que plusieurs personnes regardaient le ciel, particulièrement sombre. A mon tour j'ai levé les yeux, et là j'ai compris : une éclipse de soleil presque totale au dessus-de Goa, comme par magie :)

mardi 12 janvier 2010

Plus loin dans le Kerala

Après quelques jours sur les routes du Kerala, plusieurs choses m'ont frappées par rapport aux autres Etats de l'Inde : le taux de christianisme particulièrement élevé, les églises étant ici presqu'aussi nombreuses que les temples Hindous. Dans les villages et dans les villes, les affiches de Jésus rivalisent avec celles de Shiva. La région possède aussi de nombreuses mosquées. Secundo, les routes sont dans un état impeccable. En comparaison, j'ai franchi pendant quelques minutes la frontière du Tamil Nadu, et la route est devenue soudainement chaotique. Enfin, cause ou conséquence du bon état des routes, le Kerala semble plus riche. Les villas sont nombreuses, les rues propres, et les bidonvilles très rares. Peut-être est-ce l'industrie du thé, du café et des épices qui permet ce niveau de vie. Le tourisme doit être aussi une bonne source de revenus.

Dans le détail, je suis arrivé à Munnar, petite ville de montagne à 1500 mètres d'altitude, dimanche soir après quelques heures de bus. Il faisait environ 15 degrés de moins que sur la côte, j'ai pu enfin respirer et dormir dans un air frais. Je ne voyais pas les alentours à cause de l'obscurité, mais le lendemain je me suis réveillé dans un décor magique : des montagnes de tous les côtés, et sur les flans, des plantations verdoyantes, à la limite du fluo, épousant toutes les courbes des collines. J'ai choisi d'explorer les alentours en rickshaw, sur une trentaine de kilomètres. Le guide m'a emmené aux différents points de vue, nous sommes passés près des femmes récoltant le thé et sur un ou deux barrages impressionnants. Comme toujours les points supposés dignes d'un intérêt particulier sont colonisés par les petites boutiques de souvenirs, mais peu d'occidentaux voyagent ici, surtout des Indiens. Au bout de la route, à la frontière du Tamil Nadu (là où la route devient pourrie), un point de vue panoramique sur toute la région au bout d'un quart d'heure de marche. Vraiment superbe et rafraichissant après la fournaise de Kochin.

Hier soir, 4 heures de bus plus tard, je me suis arrêté à Kumily, au bord du parc national de Periyar. J'ai tout de suite filé aux agences de voyage pour planifier ma journée du lendemain, et là petite déception : les expéditions en bateau dans la réserve (raison de ma venue ici) sont interdites depuis quelques mois. Pour la bonne raison qu'un des bateaux a coulé, entrainant la mort de 45 personnes :/ Depuis l'office du tourisme interdit toute embarcation dans le parc. Bon, tant pis, j'ai opté pour le trek de 4 heures de bon matin. Un trek très justement appelé "Cloud walk", puisque pendant une heure d'escalade j'ai marché dans une purée de pois qui m'empêchait de voir les alentours... En plus, le parcours débutant en ville, le bruit des klaxons et des moteurs nous a accompagné tout au long de l'ascension. Toujours pas de bol. Par contre, en redescendant dans une des vallées du parc, nous avons entendu des bruits de feuillage sur le versant opposé. En s'approchant, nous avons découvert 5 éléphants sauvages qui prenaient leur petit dej, 4 adultes et un petit trop mimi. Le bruit du trafic avait cessé, nous n'entendions plus que les oiseaux et les éléphants. En dehors des animaux, le parc possède une belle collection de plantes utilisées dans la médecine ayurvédique, et le trek passe par des plantations de café et de poivre. J'étais content au final, malgré l'impossibilité de naviguer j'ai quand même passé un bon moment dans la jungle...

Cet après-midi je reprends le bus direction la côte. Je vais bientôt remonter à Goa pour peut-être y retrouver mes amis Canadiens de Bollywood...

samedi 9 janvier 2010

Visite de Mysore et arrivée au Kerala

Me voilà pratiquement à l'extrême Sud de l'Inde, à Kochin, au Kerala. L'endroit me sert de base pour les expéditions des prochains jours. Ici encore, c'est une ancienne colonie portugaise, petites rues calmes, églises et pêcheurs - comme à Diu. Les Portuguais ont vraiment bon goût en ce qui concerne le choix des lieux de colonisation, si l'on peut appeler ça du bon goût :/ Bref, la zone touristique de Kochin, appelée Fort Kochin, est superbe, même si l'air y est étouffant, ultra humide. J'y ai visité quelques églises et testé un ou deux restaurants. Un petit musée expose quelques objets religieux (statues de saints, mitres, croix de cérémonie etc.) et permet d'observer les bases de l'ancien fort dans une espèce de cave à moitié inondée. Demain matin, avant de repartir, je compte me promener en bord de mer pour observer les pêcheurs et leurs filets "chinois" traditionnels faits de lourdes poutres et de poulies.

Hier et avant-hier j'étais à Mysore, une ville d'un million d'habitants au Sud du Karnataka. La ville est réputée pour son palais, son marché et sa colline de pèlerinage. J'ai commencé par le palais : un très bel exemple de demeure de maharaja mégalo, avec ses multiples dômes, salles de réception gigantesques, salle de mariage etc... Les murs sont décorés de portraits des maharaja de la dynastie Wodeyar et de représentations des divinités hindoues. Une ou deux portes en bois incrusté d'ivoire sont particulièrement remarquables. Le palais date de 1912. Il fut commandité par la mère du maharaja, régente, alors que le précédent venait de partir en fumée. Les plans du bâtiment ont été dessinés par un architecte Anglais.

La dynastie des Wodeyar était au service de l'empereur d'Hampi jusqu'au 16ème siècle. Lors de la chute de l'empire, les dirigeants Wodeyar ont pris le pouvoir et l'ont gardé sous domination économique anglaise jusqu'à l'indépendance de l'Inde en 1947.

Le marché de la ville est dédié à l'encens, aux huiles essentielles, à la soie et aux pigments. Les pigments sont utilisés dans les temples par les Hindous et sont disposés en petits tas de toutes les couleurs. Comme à Bangalore, le marché s'étend sur quelques rues autour d'une halle principale. J'y ai flâné quelques heures avant de rentrer à l'hôtel. Le lendemain, ascension la colline de Chamundi, un petit millier de marches. Le sommet était noir de pèlerins. La grande majorité préfère utiliser le bus pour y accéder, la route étant certainement moins fatigante que l'escalier biscornu. Aux deux-tiers de l'ascension, un énorme taureau Nandi -monture de Shiva- trône paisiblement. En haut, un petit temple avec une tour de 7 étages dans le genre de celle d'Hampi mais en moins détaillée et moins impressionnante. La balade était très sympa, le monument, un peu moins. L'après-midi, j'ai fait un tour au Zoo de Mysore (j'aime bien les zoos). Un parc aux arbres centenaires, avec un parcours agréable de 3 kilomètres. Les animaux y sont très variés et vivent dans des enclos spacieux. Seul occidental du Zoo, je me suis retrouvé comme jamais dans la posture de la bête observée et mitraillée de photos ^^

10 heures de bus de nuit plus tard je suis arrivé à Kochin. Demain, je m'en vais vers les collines verdoyantes de Munnar, à l'intérieur des terres du Kerala. Les offices de tourisme proposent des visites des plantations de thé et de café, je vais en profiter !!

mercredi 6 janvier 2010

Hampi (fin) et transit à Bangalore

Explorer les environs d'Hampi en vélo fut une riche idée : la plupart des sites intéressants sont situés à 10 ou 20 minutes les uns des autres. Parfois, il faut traverser la rivière sur des embarcations plus que précaires, des espèces de coques de noix de 3 mètres de diamètre en palmier tressé et goudronné. On a l'impression que ça ne peut pas flotter, et pourtant, ils arrivent à embarquer 10 personnes, 2 motos et 2 vélos en un voyage. Balèzes ces Indiens.

Lundi matin, j'ai donc enfourché un VTT d'antan pour me rendre au temple de Vittala, temple Hindou du 16ème siècle, l'un des plus importants de la zone à l'époque avant la chute d'Hampi. L'enceinte du temple renferme plusieurs bâtiments, dont un qui est censé faire de la musique lorsqu'on frotte ses piliers. M'approchant, un gardien me dit que c'est désormais interdit, trop de mains de touristes ayant endommagé lesdits poteaux. 5 minutes plus tard, il me dit d'un ton confidentiel que pour 50 roupies il peut me faire écouter la musique... J'ai décliné. Autre attraction du lieu, un énorme chariot tout en pierre, avec une sculpture de Garuda, la monture de Vishnu, à l'intérieur.

Un peu plus loin, je me suis perdu dans la campagne pendant une ou deux heures avant de retrouver mon chemin. J'ai visité un temple Jain très endommagé, puis le Royal Center, centre du pouvoir à l'époque de la splendeur d'Hampi. Il n'en reste plus grand chose, les bains de la reine, les fondations de nombreux bâtiments, un temple dédié à Rama, un palais appelé Lotus Mahal et les étables des éléphants. L'endroit est très prisé des touristes Indiens.

Le lendemain je suis monté au Monkey Temple (encore un...), à 4 kilomètres et 500 marches d'Hampi, autant dire de la rigolade après Junagadh et Palitana :) La vue valait en tout cas le déplacement : les rizières, les champs de bananes, les palmiers, la rivière et tous les amas bizarres de rochers typiques de la région. Le temple en lui-même était sans intérêt particulier, quatre murs et quelques types en toge à l'intérieur enduisant le front des visiteurs de pigments et récoltant les dons, rien à signaler en somme. Je suis redescendu vers 18h pour prendre mon bus nocturne de Hospet à Bangalore.

Je compte me rendre à Mysore demain, mais je voulais tout de même passer une après-midi dans la ville des télécoms et capitale du Karnataka. Je n'ai pas été déçu, la ville est très agréable : en son centre un grand jardin avec des arbres centenaires, quelques bâtiments imposants (State Library, musées...) et un quartier d'affaires avec des équivalents de Starbucks Coffee tous les 50 mètres. Il y avait même un bar à chicha qui servait des brownies et autres gourmandises occidentales sur fond de rock des années 90, je me suis laissé tenter :) En début de soirée je me suis dirigé vers le City Market, un quartier dédié au petit commerce (fruits et légumes, épices, vêtements et fleurs principalement). AU centre des quelques rues qui le composent, un énorme bâtiment avec des arcades et des halles. Une halle abritant un marché aux fleurs a attiré mon attention : agréable et reposant après la frénésie et la pollution du reste de la ville (6 millions d'habitants tout de même)...

Demain vers 8h, je reprends le bus pour 3h et atteindre Mysore, toujours plus au Sud !

dimanche 3 janvier 2010

Découverte d'Hampi

Le site d'Hampi est exceptionnel : le village est construit au milieu de ruines Hindoues datant des 15ème et 16ème siècles. Autour, le paysage est parsemé d'énormes rochers ronds qui tiennent en équilibre les uns sur les autres comme par magie, le reste étant essentiellement composé de champs de bananes. L'ensemble est très vert et très frais, ce qui fait du bien après la moiteur un peu lourde de Goa.

Un bus de nuit m'a amené à Hospet, à 1/2 heure d'Hampi, d'où j'ai pris un autre bus pour accéder au site. Ensuite, l'habituelle furie des rickshaws et des types commissionnés pour ramener les touristes dans telle ou telle guest house. J'ai dormi quelques heures avant d'attaquer la visite d'Hampi. Et ce n'est pas une mince affaire, les ruines et les temples sont partout, dans toutes les directions, imbriquées dans la nouvelle ville. Certains habitants logent dans d'anciennes arcades d'un marché depuis longtemps abandonné. J'ai commencé par la rivière, dont les rives débordent de vie : les femmes battent leur linge, les buffles paissent tranquillement sur la rive. Il y a même quelques pêcheurs avec des cannes improvisées en bambou. Un bac fait passer régulièrement les touristes et autochtones d'une rive à l'autre.

Je me suis dirigé ensuite vers le temple de Virupaksha, dédié à Shiva. Avec ses deux tours en étages, c'est un peu l'emblême d'Hampi. Il est visible de loin, et la plupart des guest houses sont situées aux alentours. A l'intérieur, un éléphant prénommé Lakshmi est l'une des attractions, il mange les bananes qu'on lui tend et sait même attraper avec sa trompe les billets de 10 roupies pour les refiler à son maître. Pas mal. De quoi divertir un moment les désormais classiques hordes d'écoliers qui visitent le lieu. L'ensemble du site, avec ses deux tours et un petit réservoir très paisible, est très agréable à visiter.

Juste à côté du temple se dresse une colline hérissée de ruines Hindoues et Jain, au milieu de ces fameux rochers ronds et inquiétants. Plus vers le Sud, d'autres attractions : un énorme Ganesh (le Dieu à tête d'éléphant) monolithique, un temple de Krishna, deux autres réservoirs, et un temple important un peu plus isolé appelé Achyutaraya Temple. Comme toujours, les descriptions manquent un peu à l'appel, mais un type à Goa m'a refilé un petit guide qui décrit tous ces lieux un peu plus précisément (même si la ferveur religieuse de l'auteur est un peu pesante à la lecture...). Partout dans Hampi, on trouve de nombreuses références aux héros du Ramayana (Raama, Hanumaan, Lakshmana...) : l'endroit est en effet cité dans le bouquin.


Les environs (rayon de 10 kilomètres) recèlent d'autres trésors du même genre. J'ai prévu de me lever tôt demain matin et de louer un vélo pour tenter d'un voir un maximum. Il fait super beau, la ville est paisible, j'aime beaucoup !!

vendredi 1 janvier 2010

Jour de l'an à Goa

Quelques jours se sont écoulés à Goa depuis le dernier message, sans incident notable... Toujours la plage, la mer, et même le soleil qui a fait son apparition hier et qui squatte tout seul le ciel à présent. J'ai visité les plages voisines, notamment celle de Palolem, plus grande mais aussi plus touristique. Bon ça reste une plage de rêve mais je reste satisfait de mon choix premier.


Après avoir réservé mon billet de bus pour ma prochaine destination, Hampi, j'ai visité la ville de Panaji. De taille modeste, elle comprend plusieurs églises, quelques beaux bâtiments coloniaux et un musée que je n'ai malheureusement pas eu le temps de visiter... Comme à Diu, rien de vraiment transcendant, j'avoue que je préfère voir des trucs Indiens en Inde. Ah, si ! Un sapin de Noël en canettes de Coca :)

J'ai un peu lutté pour obtenir mon billet pour Hampi, tous les bus privés sont réservés pour plusieurs jours. La concentration en touristes à Goa à cette époque de l'année est particulièrement importante, normalement je n'aurais plus ce genre de soucis dans la suite du voyage. Rien de plus à signaler, je reviendrai peut-être à Goa dans quelques semaines lorsque le gros des touristes sera parti et que les prix des logements seront redevenus plus normaux. Pour le jour de l'an je me suis offert un gros repas arrosé, tous les restaus de la plage étaient pleins à craquer. Les Indiens n'ont manifestement pas de normes de sécurité en ce qui concerne les feux d'artifice... Des fusées et pétards ont éclaté toute la soirée à quelques mètres des tables, impressionnant !

Comme on dit par ici, Happy New Year :)